Bonjour, Naoual, 32 ans, assistante sociale de formation. Je comptais dans un premier temps vous parler de la précarisation du secteur social et plus particulièrement de la réforme des Asbl mais, il m’a paru plus sympathique de vous livrer mon témoignage. Les lignes qui vont suivre vont vous relater mon parcours. Non pas mon parcours professionnel mais l’envers du décor, tout ce qu’on ne dit pas. Les frustrations accumulées et les déceptions enchainées. Ce témoignage n’a pas pour objectif de vous décourager, loin de là. La quête en tant que demandeur d’emploi est semée d’embauche et le saint graal convoité paraît si souvent difficile à obtenir.
Actuellement, je suis la formation « Trouver un emploi en faisant le buzz » au sein de l’Asbl Proforma, d’où ces quelques lignes. Cette formation a pour objectif d’aiguiser diverses techniques en vue de décrocher un boulot (refaire un CV qui claque, une recherche soutenue au quotidien, un article sympa à lire et une vidéo originale afin de nous démarquer, trouver un stage dans son domaine de prédilection…). J’y ai atterri un peu « par hasard » via une page Facebook, bien que je n’apprécie pas ce terme, persuadée qu’il n’y a point de hasard mais que des rendez-vous ; après un coup de fil et justement, un rendez-vous, j’intégrais une chouette équipe sans me rendre compte que ces personnes deviendraient mes amis d’infortune, si je puis dire. Le but de cette formation étant tout de même de trouver ma première expérience en tant que professionnelle de terrain.
Pour moi, cette nouvelle expérience était presque synonyme de dernière chance à peu de choses près. Mon dernier emploi remontait à quasi un an, de surcroît dans un secteur qui n’avait rien à voir avec mon domaine. Je n’avais d’ailleurs aucune expérience professionnelle dans mon secteur et cela se faisait ressentir au travers des nombreux refus que j’essuyais. Comme si la frustration de ne pas trouver le job de ses rêves n’était pas suffisante, il fallait par-dessus le marché me coltiner les remarques désobligeantes de personnes se pensant bienveillantes. Le demandeur d’emploi est sans cesse sous pression, tantôt par ses obligations familiales, tantôt via les diverses pressions sociales ou encore pressions administratives, tendu de toutes parts tel un élastique que chacun à tour de rôle tire dans tous les sens. Le stress est permanent et bouffe les nerfs qui tardent de moins en moins à lâcher. C’est précisément dans cet état d’esprit que j’entamais ma formation, me persuadant que cette fois je tenais enfin le fil d’Ariane !
Les jours passèrent et se ressemblèrent. Les recherches s’accumulaient sans pour autant qu’il ait du résultat mais nous étions tous là pour ça, LE résultat. Chacun était là avec son parcours pro, sa fonction mais surtout son histoire personnelle et ses failles. Au travers de cette formation, j’ai trouvé ce que, a priori, je n’étais pas venue chercher. Un réel soutien, tant de la part de mes collègues que de mes formatrices. Avoir enfin un espace où pouvoir exprimer son ressentiment, ses questions, ses doutes ; se délester de ses frustrations, tout simplement parler de ce qui ne va pas et surtout être réellement écoutée est un élément bien plus important que l’on ne pense pour trouver un travail et surtout pour ne pas baisser les bras. Lorsque vous tombez, le reste de l’équipe est là pour vous relever voire vous porter jusqu’à votre objectif.
Personnellement, cette formation m’a permis d’améliorer de façon considérable ma recherche d’emploi, tant au niveau qualitatif qu’au niveau de l’approche que j’avais préalablement adoptée, approche qui n’était pas toujours la meilleure à force d’usure. J’ai rectifié les erreurs commises jusqu’ici me permettant déjà de relâcher un peu plus la pression et surtout de me renouveler. J’ai pu retrouver une certaine confiance en moi et en mes compétences, confiance perdue à force d’être confrontée aux nombreuses portes qui se fermaient une à une à moi. Les doutes et les craintes face à un avenir incertain peuvent très rapidement s’insinuer, vous faisant tanguer jusqu’à perdre l’équilibre au quotidien. D’où, je réitère, l’importance de trouver un soutien solide, un espace où l’on puisse à la fois décharger tous les attraits négatifs inhérents à la recherche d’emploi mais également, où l’on puisse recharger ses batteries afin de repartir de plus belle. Car, après tout, nous rêvons tous d’un nouveau départ, qu’on nous donne une chance de faire nos preuves.