Interview de Monsieur Chisogne sur le métier d’ingénieur physicien – Gauderic Schnackers

Dans le cadre de ma recherche d’emploi, j’ai été amené à rencontrer Monsieur Chisogne, spécialiste de l’industrie aérospatiale. J’ai eu la chance de pouvoir l’interviewer par rapport aux métiers de l’ingénieur et plus particulièrement au métier de l’ingénieur physicien. Voici le compte rendu de cette interview.

Quels sont les métiers que vous avez exercés et en quoi consistent-ils ?

Je suis ingénieur civil en électromécanique avec une spécialisation en aérospatiale / aéronautique . J’ai débuté ma carrière à l’Interface Entreprises-Université de Liège 1 où je m’occupais du transfert de technologie en collaboration avec les universités de Hasselt, de Maastricht et de Aachen. Dès le début, j’ai travaillé plutôt comme chef de projet en charge de projet de marketing et d’organisation en tant qu’ingénieur. Ensuite, j’ai été engagé chez AMOS 2 où j’ai travaillé comme ingénieur support client (commercial externe), gestionnaire commercial, directeur commercial pour finir en tant que directeur marketing et commercial. Par la suite, j’ai été directeur commercial chez Gillam 3 dans le but de devenir directeur général mais je suis parti et j’ai créé la spin out 4 de CE+T 5 dont je suis parti après 2 ans. Maintenant, je travaille à l’Awex 6 où je m’occupe des partenariats technologiques et des réseaux d’innovations ouverts à l’international et de l’expertise aéronautique et spatiale.

J’ai donc toujours utilisé ma formation d’ingénieur pour faire de la vente ou de la promotion de produit qui demande une expertise technique importante mais je n’ai jamais professé en tant que ingénieur. Il y a d’ailleurs  50% des ingénieurs qui ne travaillent pas dans leur spécialisation même si, en général, cela n’arrive pas en début de carrière.

 

Quelles sont les qualités à avoir pour exercer votre métier ?

Devez-vous continuer à vous former encore aujourd’hui ?

Les études d’ingénieur ne nous forment pas pour faire du commercial, de la gestion ou du marketing. J’ai donc appris tout ça sur le tas au début de ma carrière, ce qui m’a bien plu. Par contre, j’ai très peu eu l’occasion de me former pendant ma carrière mis à part sur la fin où j’ai eu la chance de participer à l’organisme APM7 qui abordait des thèmes très généraux pouvant aller de la résolution de conflit personnel jusqu’à l’entreprise libérée8.

La qualité principale dont j’ai eu besoin est l’écoute et la compréhension de l’interlocuteur. J’ai toujours été l’interface entre les ingénieurs et les clients. Il a donc fallu écouter attentivement les clients pour comprendre ce dont ils avaient besoin et résoudre les conflits.

Cela demande une intelligence relationnelle mais également une grande patience d’écoute pour comprendre ce qu’un ingénieur veut dire et réussir à le faire passer aux clients. Ce qui m’intéresse, c’est trouver un accord gagnant-gagnant qui satisfasse l’entreprise et le client et cela peut même aller jusqu’à contacter la concurrence pour s’associer. Donc il faut une qualité relationnelle et de négociation mais dans le but de trouver un accord gagnant-gagnant sans délaisser une partie.

Quelles sont vos motivations et vos sources de satisfaction à exercer votre métier ?

Ma motivation première est de faire quelque chose qui m’amuse. Les postes que j’ai quittés dans ma carrière, c’était parce que lorsque je montais dans ma voiture le matin, je ne riais plus. Mais ce qui me nourrit, c’est la reconnaissance de mon travail par l’employeur. Il n’en faut pas beaucoup mais il en faut souvent. Une autre source de motivation est la rencontre avec des gens. J’ai voyagé beaucoup dans le monde et j’y ai rencontré de nombreuses personnes. Lors d’un de mes voyages en Inde, j’ai été invité par un de mes clients indien dans sa famille et j’ai adoré tandis que je n’ai jamais été voir le Taj Mahal. C’est vraiment cette relation interpersonnelle qui a géré ma carrière.

Quelles sont les motivations des employeurs à engager des jeunes ?

D’abord, les jeunes coûtent moins cher que les expérimentés même si ce n’est peut-être pas la motivation initiale des employeurs, ça en est une. Une deuxième motivation, qui est à la fois un avantage et un inconvénient, est que les jeunes ne sont pas formatés. Quand les jeunes sortent des études, c’est l’employeur qui va leur inculquer comment faire tandis qu’un employé expérimenté le fera de sa façon. La troisième motivation est que le monde évolue sans cesse et que les jeunes sont plus à jour des nouvelles technologies de par leurs études et ils sont plus ouverts à l’innovation.

Cependant, un employeur va préférer un jeune avec quelques années d’expérience dans le monde de l’industrie.

Est-ce que les salaires et les évolutions de salaire varient en fonction des métiers de l’ingénieur ?

À l’exception des postes où il n’y a vraiment pas de candidat, les entreprises essayeront de payer le moins cher. Donc un ingénieur qui commence ne sera pas payer très différemment d’une société à l’autre si elles sont de la même taille. Maintenant, il y aura une différence de salaire si la société est une start-up que si c’est une grosse société. Mais je ne pense pas qu’il y aura une différence en fonction des métiers de l’ingénieur. Je pense qu’on peut dire sans trop se tromper que les évolutions de salaire seront plus importantes si l’on change de société que si l’on reste dans la même société. Car c’est lorsque on essaye de t’embaucher, qu’on a la plus grosse négociation tandis qu’en restant

dans la même société, on obtient seulement quelques petits bouts d’augmentation. Une autre évolution de salaire vient avec l’augmentation des responsabilités, c’est-à-dire en prenant du management ou de la gestion d’équipe. Même si ça ne devrait pas être le cas et qu’un expert devrait être aussi bien payé qu’un manager.

Selon vous, quel est le rôle d’un ingénieur physicien ?

De ce que j’en ai vu, c’est un des ingénieurs les plus généralistes qui peut avoir plusieurs casquettes et qui peut s’adapter facilement. Il s’occupe plus du domaine de la recherche fondamentale et de la R&D. J’ai pu voir des ingénieurs physicien travailler dans des domaines très différents comme le polissage de miroir, dans l’astronomie ou encore dans les procédés thermiques. Maintenant, je rappelle que la moitié des ingénieurs ne travaillent pas dans leur spécialisation et la formation d’ingénieur reste assez générale et nous apprend surtout à ingérer une grande quantité d’informations rapidement ce qui permet de faire beaucoup de métiers différents.

Qu’est-ce qui différencie, selon vous, un ingénieur physicien des autres métiers de l’ingénieur ?

Je vois l’ingénieur physicien plus théorique que les autres métiers de l’ingénieur. C’est d’ailleurs pour cela qu’il travaille plus dans la R&D, les laboratoires universitaires ou les centres de recherche.

Est-ce qu’un ingénieur physicien a sa place en tant que tel dans le monde de l’entreprise ou doit-il se diversifier (administratif, commercial, manager, …) ?

C’est plus une question de personne et de choisir d’aller vers ce qu’il nous plaît. Mais en tant qu’ employeur, je ne choisirais pas un ingénieur physicien pour faire un travail de vendeur ou de manager et je l’engagerais plus dans son domaine d’expertise ou pour des domaines où il n’y a pas vraiment de spécialisation (optique, polissage, …).

Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter ?

Je dirais qu’il faut surtout choisir un travail qu’on aime pour pouvoir se lever le matin.

 

  1. Interface Entreprises-Université de Liège
  2. Advanced Mechanical & Optical Systems
  3. Gillam
  4. Société créée par une entreprise
  5. CE+T Energrid
  6. Agence Wallone à l’Exportation et aux Investissements Étrangers
  7. Association Progrès du Management
  8. Forme organisationnelle dans laquelle les salariés sont totalement libres et responsables

 

 

 

 

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