Interview de Max Rensonnet, gérant de la librairie la Commanderie à Liège – Antoine Bruyère

Licencié en langue, lettres françaises et romanes, je songe à commencer mon affaire en tant qu’indépendant en librairie. Toujours hésitant, j’ai décidé d’aller poser quelques questions à Max Rensonnet, gérant de la librairie la Commanderie. Voici donc le résumé de l’entrevue que nous avons eue :

Bonjour Max. Au départ, d’où t’es venu l’idée et l’envie de créer ta propre librairie? Est-ce que tu avais déjà le concept thématique bien en tête?

À la base, le concept est un peu copié. Le principe de librairie ultra spécialisée, objets, bouquins et éditeurs existe déjà depuis plus de 20 ans à Paris. C’était un chouette réseau de librairies, quatre librairies dans Paris, très belles, bien achalandées et luxueuses. Et puis, j’ai remarqué qu’à Liège le concept n’existait pas encore et bêtement, face à ce manque, j’ai voulu avoir une librairie équivalente à celle-là. Après, sur le fait d’être indépendant, c’était plus un trait de caractère qu’autre chose. Il y avait mille façons de démarrer ce projet. Personnellement, avoir un patron,  je ne saurais pas même si le fait d’être indépendant est une arme à double tranchant. Si tu es employé en librairie, que tu fasses un super chiffre d’affaire ou pas ne changera rien pour toi.

 Donc c’est plus par rapport à ce que tu pensais pouvoir faire et vouloir faire ?

Je voulais avoir les coudées franches pour manoeuvrer le projet et dès le début, je me suis rendu compte que vivre de bouquins était très complexe. La place des grandes librairies est déjà prise. Quand je dis « grandes librairies », je parle de librairies au sens général. Du coup, il fallait faire de l’hyper spécialisation. Et là, je pense qu’il y a vraiment une niche pour les librairies hyper spécialisées, parce qu’elles permettent d’avoir tous les bouquins sur un thème précis, mais aussi tous les goodies qui se rapportent à ce sujet sur le côté. Etre libraire, c’est avoir la liberté de choisir les bouquins que tu vas proposer à ton public, de ne pas être seulement un réassortisseur. Pour moi c’est important d’avoir le choix du contenu éditorial à mettre en librairie.

 Les goodies c’est quoi?

Ce sont tous les petits objets que tu vas vendre avec une marge différente. Ton activité « librairie » ne te permettra d’atteindre que 30/35% du chiffre d’affaire, et donc, autant te dire que tu vas être à 10% en net. Donc, si tu fais un chiffre où on t’achète pour 2000 euros de bouquins, ça ne te fait que 200 euros dans ta poche. Et 2000 euros de bouquins ça n’arrive jamais. Les goodies sont indispensables pour arrondir les fins de mois.

Etre patron d’une librairie permet de rentabiliser suffisamment pour vivre de cette seule activité?

Je ne dirais pas que c’est poker, parce que c’est vachement lié à ton choix d’aménagement, d’implantation, la localisation de ta librairie, à comment tu la présentes, ce que tu décides de vendre en librairie, comment tu le vends, tout ça… Tes ventes dépendent quand même un peu de ton boulot. Mais après, si les gens ne poussent pas la porte, tu fais ce que tu veux, même si ta librairie est super belle et bien rangée, tu ne vendras pas.

C’est quoi exactement la différence en une librairie générale et une librairie hyper spécialisée ?

Par exemple, le diffuseur de Giacometti/Ravenne se trouve chez Lattès ou Pocket donc ça veut dire qu’ils passent par Dilibel ou Interforum en fonction du format de poche ou en grand format. En gros, tous ces bouquins se trouvent partout. Le job de l’hyper spécialisation, c’est d’aller chercher et de rassembler ensemble tous ces titres-là. Á la limite, ce que j’ai ici, tu en as un peu voire très peu chez Pax, tu en as un petit peu à la Fnac, un petit peu chez Cultura… Mais ici, ils sont tous ensemble, et c’est ça qui te fait une librairie spécialisée. Tout ce qui tourne autour d’un même sujet est là. Et c’est la seule différence, parce qu’à la limite, tout ce qui est là passe par des diffuseurs ordinaires et tous les libraires pourraient les proposer mais l’hyper spécialisation les obligerait à consacrer beaucoup trop de place pour un seul sujet et ils devraient forcément pousser les murs car il y auraient également tout le reste à mettre en rayon.

Maintenant, les libraires hyper spécialisés se rendent compte qu’ils doivent aussi se diversifier un peu pour manger à la fin du mois. Nous, on a développé du roman « feel-good », on a développé du « bien-être personnel », et là par contre, sur un même plateau ça peut être plus éloigné. Mais vraiment, l’idée de base, c’est la partie droite de la librairie. Comme tu peux le voir, elle correspondait à l’ancienne superficie de la librairie. C’est vraiment l’essence. Et là, ça correspond à un vrai fil conducteur. Quand tu balaies la librairie, Il y a vraiment un sens de rotation logique dans la librairie qui fait que tu démarres par la philo et la symbolique générale et puis la maçonnerie et quand tu es dedans, tu as tout ce qui est spécialisé (l’histoire des textes anciens…). Le principe c’est que tout le monde peut lire ça, ce n’est pas réservé à un public particulier mais il y a des clefs de lecture qu’on doit avoir en faisant le parcours. On ne fait pas des équations à six inconnues en maternelle, on apprend à compter. C’est le même principe.

As-tu d’autres projets à venir ?

Là on a un roman sous le coude dont on doit faire l’annonce. Il s’agit de notre premier roman, nous l’avons déjà édité il y a dix ans, et pour l’anniversaire on le réédite en format de poche. Là, on attend de voir comment le présenter pour que ça marche. Parce que quand tu dépenses de l’énergie il faut que ça marche ! A l’avenir nous envisageons de chercher des bouquins « hors-circuit ». Il existe des ouvrages de qualité qui malheureusement sont sans diffuseur. Ces gens-là ont compris la réelle difficulté de trouver un bon éditeur et finissent par vouloir imprimer eux-mêmes.

Quels conseils aurais-tu à donner à un apprenti libraire ?

Il faut éviter un piège. Quand tu es libraire, tu dois vendre ce qui est de ton fonds de commerce. C’est-à-dire, un exemple très concret, durant les fêtes de fin d’année tout le monde a dit qu’il fallait aider les librairies et acheter local. Les gens l’ont fait, mais ils l’ont fait sans nécessairement prendre en compte le fait qu’ici on est spécialisé. Et donc, on nous a commandé plein de choses qu’on avait pas. On a par exemple vendu beaucoup d’Obama, plein de trucs comme ça, qu’il a fallu acheter alors qu’ici, il y a à peu près 3000 livres de stock ! Il a fallu racheter des choses que tu ne paies pas tout de suite. On a vendu beaucoup de livres. On a fait comme 15000 euros de livres pour le mois de décembre, ce qui est énorme. Sauf qu’en janvier les factures sont tombées. Et là, quand tu paies tes 12000 ou 13000 balles de bouquins que t’as vendu, ça picote. Tu as l’impression que tu as bien vendu mais tes marges sont tellement petites que quand la facture arrive, ça fait mal. Si tu te lances dans une librairie hyper spécialisée, il faut que tu mettes l’accent sur le fait que les gens viennent chez toi pour ce qui est là.

 Merci d’avoir accepté cet interview Max, cela m’a fait avancer dans mon cheminement et je pense qu’avec le stage, ça va me permettre de visualiser si je suis fait pour être indépendant.

https://www.la-commanderie.be/

 

 

 

Interview de Cassadra Dupiereux, Administrateur Réseau chez fedex – (Romain Wochen)

L’administrateur réseaux est une personne qui s’occupe de la gestion du réseau. Cette tâche est assez vaste car elle peut aller du câblage aux pares-feux en passant par l’installation ou le dépannage des routeurs. Pour en apprendre un peu plus sur ce métier,  j’ai décidé de d’interviewer d’un professionnel du métier afin de comprendre ce que cette personne pouvait entreprendre comme missions et comment les aborder. L’objectif de cet échange est aussi de mieux visualiser l’environnement de l’admin réseau et ces tâches quotidiennes.

Depuis combien de temps exercez-vous et ou avez-vous exercé ce métier ? 

J’ai été engagée comme IT Technology Services Specialist  Associate chez Fedex, à l’Aéroport de Liège, début septembre 2020. C’est ma première expérience dans le domaine.

Nature du travail :

En quoi consiste votre métier ?

Principalement du Helpdesk, niveau 1, 2 et 3. J’aide les utilisateurs dans leurs soucis informatiques quotidiens, j’interviens dans le centre de tri si une imprimante ou un device utilisé pendant les opérations ne fonctionne plus, etc.. Plus rarement, nous devons gérer des urgences (les données qui ne passent plus dans le système, des radios qui ne fonctionnent plus,..) et sommes donc en contact au niveau international avec Fedex, ou d’autres centres de tris, un peu partout dans le monde.

Si vous étiez absent de votre travail et non remplacé à votre poste, quelles seraient les conséquences ?

Nous faisons en sorte, avec mon binôme de nuit, d’êtres redondants par rapport à nos compétences et nous communiquons beaucoup afin d’éviter que l’absence de l’un ou l’autre engendre des conséquences sur le support que nous fournissons.

Pouvez-vous me définir le déroulement d’une journée type ?

En arrivant début de nuit, je dois vérifier notre « data center », température, humidité, etc.. Ensuite, il faut faire un checkup des systèmes afin d’anticiper des problèmes latents. Le reste de la nuit, je réponds au téléphone et fournit un support informatique aux personnes travaillant sur le site, j’interviens également sur place quand un souci se présente. En fin de shift, je réalise un rapport des événements pour mes supérieurs et organise le passage d’infos aux personnes qui travaillent la journée.

Quels sont les atouts essentiels  à  avoir pour exercer cette profession ?

La communication, la gestion du stress et des priorités, savoir respecter les procédures, mais aussi improviser car on ne peut jamais prévoir ce qu’il peut se passer.

Quels sont les différents softwares utilisés ?

Nous travaillons avec plus de 200 programmes et applications, car nous sommes en transition TNT vers Fedex. Nous devons donc connaître nos programmes IT mais aussi ceux que les utilisateurs utilisent (Sécurité, Douane, Trafic aérien, etc.).

Dans l’informatique, l’évolution technologique est omniprésente, pouvez-vous m’expliquer comment vous vous renouvelez avec toutes les technologies qui sortent ? (Comment vous renseignez-vous sur la pertinence de tel ou tel software, des nouveautés de nouvelles mises à jour, etc.) 

Nous avons 8 heures de formation par mois, nous choisissons ce qui nous plait, et si notre chef est d’accord, nous l’ajoutons dans notre plan de carrière. L’équipe est très ouverte aux nouvelles idées, et nous pouvons demander à faire des labos si un projet peut contribuer à augmenter la qualité de notre travail.

Quels sont les éléments qui vous plaisent le plus dans la profession ?

Créer de la documentation et la résolution de problèmes complexes.

Qu’elles sont les éléments que vous préférez dans votre activité professionnelle ?

Aucune nuit ne se ressemble, les aléas sont toujours présents et je suis constamment en apprentissage, tellement il y a de matériel et de programmes utilisés.

Qu’est-ce qui vous paraît répétitif dans votre travail ? En quoi faites-vous toujours la même chose ?

Les resets de mots de passe ! Il faut souvent jouer la « nounou » avec les utilisateurs et être extrêmement patient et professionnel, même quand c’est agaçant.

Quels sont les hardwares que vous utilisez ?

Beaucoup de matériel Cisco (Switch/Routeur/Teléphonie sur IP), Dell & HP pour les PC, et beaucoup d’autres.

Travaillez-vous exclusivement en interne ou vous êtes amené à devoir aller chez certains clients ?

En interne, mon bureau est accolé au centre de tri des colis et des bureau administratifs.

Etes‐vous seul dans l’exercice de votre travail ?

Non. Je suis avec mon binôme de nuit, et les 8 autres collègues se relayent et passent une semaine en nuit avec nous, chacun à leur tour. Nous sommes donc 3 en nuit, et ils sont 5 en jours + le management.

Travaillez‐vous avec d’autres personnes ? Avec combien de personnes travaillez‐vous ? Quel est leur métier ? Quel est votre rôle par rapport à ces personnes ? Comment communiquez‐vous entre vous ? (Directement, téléphone, courriels)

Dans mon département, nous sommes 12. Dans l’entreprise, 1800. Nous utilisons le téléphone, mais sommes également joignables par mail et via Teams. Mon rôle est de jauger la sévérité des soucis, de les résoudre ou de les dispatcher selon mes compétences.

 Avez‐vous un supérieur hiérarchique ? Quel est son rôle par rapport à vous ?

J’ai un superviseur, qui a plutôt un rôle social/guide et un Manager IT qui gère l’ensemble de notre département.

Qui évalue la qualité de votre travail ? Qui vous indique le travail que vous devez réaliser ? Pouvez‐vous prendre des initiatives, quel est votre degré d’autonomie ? En quoi pouvez‐vous innover dans votre travail ? 

Le manager donne les grandes lignes, le superviseur peaufine les tâches et nous les appliquons. Nous avons des procédures pour garder un suivi correct de nos interventions, mais lors d’une urgence seul le résultat compte. Nous avons champ libre mais nous devons justifier nos actions par la suite.

Quelle relation avez-vous avec le client ou l’usager de votre établissement ?

Très cordial, tout le monde se tutoie, de l’ouvrier au manager.

Y a‐t‐il une bonne ambiance sur votre lieu de travail ?

Malgré les annonces, les gens se serrent les coudes et restent bienveillants et pragmatiques par rapport à leur travail.

Travaillez‐vous à temps plein ou à temps partiel ?

Temps plein.

Avez‐vous des horaires réguliers ? Votre emploi du temps est‐il prévisible ? Combien d’heures travaillez‐vous par jour (semaine ou mois) ? Y‐a‐t‐il une différence avec le nombre d’heures prévu dans votre contrat de travail ?

Régulier, je travaille de 22h à 06h du lundi au vendredi (40h). J’ai également un jour de récupération par mois, à prendre quand je le souhaite.

Travaillez‐vous la nuit, le samedi, le dimanche ou les jours fériés ?

Je ne travaille que la nuit.

Ramenez‐vous du travail à faire chez vous ?

Jamais, et quand on le fait, on se fait taper sur les doigts. :p

Votre activité est‐elle soumise à des contraintes ou à des « pressions » extérieures à votre établissement : concurrence, incitation à des réorganisations, demandes des clients ou des usagers, des partenaires professionnelles ?

A mon niveau non. Par contre, au niveau de l’entreprise oui, c’est une multinationale qui doit toujours être prête à réagir à la concurrence.

Y a‐t‐il des dangers ou des risques professionnels que vous rencontrez dans votre travail ?

Nous devons porter une tenue et des chaussures de sécurité lorsque nous intervenons dans le centre de tri, car ce sont des centaines de clark, de colis, et transporteurs qui transitent tous les jours.

Êtes‐vous exposé à des risques pour votre santé sur votre lieu de travail ? Devez‐vous respecter certaines consignes pour préserver votre santé ou votre sécurité voire celle des autres ?

Nous avons un examen de sécurité annuel prévu par l’aéroport de Liège pour garder nos accès à celui-ci, c’est vraiment LA priorité du site.

En quoi l’environnement et les conditions de travail sont‐ils agréables ou pénibles et difficiles ?

Il faut savoir, par exemple, trouver une solution rapidement dans un environnement bruyant et sous la pression des personnes qui ne savent pas travailler tant que nous n’avons pas résolu le souci.

Votre métier est‐il recherché par les employeurs actuellement ?

Oui, même engagée, je reçois encore des propositions.

L’évolution de l’emploi est‐elle favorable à celui qui veut exercer ce métier ?

Bien sûr, chaque domaine se numérise, et il faut bien des gens pour surveiller/administrer tout ça.

Les employeurs recherchent ils des jeunes ?

Cela dépend lesquels. J’ai eu la chance d’être engagée dans une entreprise qui favorisent l’emploi des jeunes, mais certaines n’aiment pas le changement et préfère rester dans leurs vieilles habitudes.

Y‐a‐t‐il des régions où la recherche d’emplois est plus favorable aux candidats ?

Je suis justement venue m’installer à Liège dans ce but, et ça a fonctionné. Je dirais surtout les grandes villes, et les zonings industriels.

Quelle évolution de carrière peut‐on espérer quand on exerce votre métier ? Peut‐on acquérir des responsabilités ou se diriger vers des métiers différents ?

Il y a beaucoup d’offres internes, et d’histoires sympathiques d’évolutions chez nous. Cela est même encouragé.

Quel salaire peut‐on espérer en débutant dans ce métier ?

Mon salaire est de 2900€/brut sans ancienneté.

Votre salaire est‐il variable ou fixe ? Pouvez‐vous percevoir des indemnités, des primes ? En fonction de quoi votre salaire peut‐il varier ?

C’est un salaire fixe, auquel s’ajoute ma prime de nuit de 20%.

Quelles sources de satisfaction trouvez‐vous dans votre travail ? Qu’est‐ce qui vous motive dans votre travail ? (salaire uniquement et/ou accomplissement de valeurs, d’intérêts personnels). En quoi l’exercice de votre métier est‐il personnellement épanouissant ? En quoi l’exercice de votre métier est‐il utile aux autres ?

L’apprentissage continuel, côtoyer des centaines de personnes et les aider à rendre leur travail plus facile rend mon travail épanouissant.

Merci pour le temps que tu as consacré à cette interview ! 

Avec plaisir!

 

Interview de Monsieur Chisogne sur le métier d’ingénieur physicien – Gauderic Schnackers

Dans le cadre de ma recherche d’emploi, j’ai été amené à rencontrer Monsieur Chisogne, spécialiste de l’industrie aérospatiale. J’ai eu la chance de pouvoir l’interviewer par rapport aux métiers de l’ingénieur et plus particulièrement au métier de l’ingénieur physicien. Voici le compte rendu de cette interview.

Quels sont les métiers que vous avez exercés et en quoi consistent-ils ?

Je suis ingénieur civil en électromécanique avec une spécialisation en aérospatiale / aéronautique . J’ai débuté ma carrière à l’Interface Entreprises-Université de Liège 1 où je m’occupais du transfert de technologie en collaboration avec les universités de Hasselt, de Maastricht et de Aachen. Dès le début, j’ai travaillé plutôt comme chef de projet en charge de projet de marketing et d’organisation en tant qu’ingénieur. Ensuite, j’ai été engagé chez AMOS 2 où j’ai travaillé comme ingénieur support client (commercial externe), gestionnaire commercial, directeur commercial pour finir en tant que directeur marketing et commercial. Par la suite, j’ai été directeur commercial chez Gillam 3 dans le but de devenir directeur général mais je suis parti et j’ai créé la spin out 4 de CE+T 5 dont je suis parti après 2 ans. Maintenant, je travaille à l’Awex 6 où je m’occupe des partenariats technologiques et des réseaux d’innovations ouverts à l’international et de l’expertise aéronautique et spatiale.

J’ai donc toujours utilisé ma formation d’ingénieur pour faire de la vente ou de la promotion de produit qui demande une expertise technique importante mais je n’ai jamais professé en tant que ingénieur. Il y a d’ailleurs  50% des ingénieurs qui ne travaillent pas dans leur spécialisation même si, en général, cela n’arrive pas en début de carrière.

 

Quelles sont les qualités à avoir pour exercer votre métier ?

Devez-vous continuer à vous former encore aujourd’hui ?

Les études d’ingénieur ne nous forment pas pour faire du commercial, de la gestion ou du marketing. J’ai donc appris tout ça sur le tas au début de ma carrière, ce qui m’a bien plu. Par contre, j’ai très peu eu l’occasion de me former pendant ma carrière mis à part sur la fin où j’ai eu la chance de participer à l’organisme APM7 qui abordait des thèmes très généraux pouvant aller de la résolution de conflit personnel jusqu’à l’entreprise libérée8.

La qualité principale dont j’ai eu besoin est l’écoute et la compréhension de l’interlocuteur. J’ai toujours été l’interface entre les ingénieurs et les clients. Il a donc fallu écouter attentivement les clients pour comprendre ce dont ils avaient besoin et résoudre les conflits.

Cela demande une intelligence relationnelle mais également une grande patience d’écoute pour comprendre ce qu’un ingénieur veut dire et réussir à le faire passer aux clients. Ce qui m’intéresse, c’est trouver un accord gagnant-gagnant qui satisfasse l’entreprise et le client et cela peut même aller jusqu’à contacter la concurrence pour s’associer. Donc il faut une qualité relationnelle et de négociation mais dans le but de trouver un accord gagnant-gagnant sans délaisser une partie.

Quelles sont vos motivations et vos sources de satisfaction à exercer votre métier ?

Ma motivation première est de faire quelque chose qui m’amuse. Les postes que j’ai quittés dans ma carrière, c’était parce que lorsque je montais dans ma voiture le matin, je ne riais plus. Mais ce qui me nourrit, c’est la reconnaissance de mon travail par l’employeur. Il n’en faut pas beaucoup mais il en faut souvent. Une autre source de motivation est la rencontre avec des gens. J’ai voyagé beaucoup dans le monde et j’y ai rencontré de nombreuses personnes. Lors d’un de mes voyages en Inde, j’ai été invité par un de mes clients indien dans sa famille et j’ai adoré tandis que je n’ai jamais été voir le Taj Mahal. C’est vraiment cette relation interpersonnelle qui a géré ma carrière.

Quelles sont les motivations des employeurs à engager des jeunes ?

D’abord, les jeunes coûtent moins cher que les expérimentés même si ce n’est peut-être pas la motivation initiale des employeurs, ça en est une. Une deuxième motivation, qui est à la fois un avantage et un inconvénient, est que les jeunes ne sont pas formatés. Quand les jeunes sortent des études, c’est l’employeur qui va leur inculquer comment faire tandis qu’un employé expérimenté le fera de sa façon. La troisième motivation est que le monde évolue sans cesse et que les jeunes sont plus à jour des nouvelles technologies de par leurs études et ils sont plus ouverts à l’innovation.

Cependant, un employeur va préférer un jeune avec quelques années d’expérience dans le monde de l’industrie.

Est-ce que les salaires et les évolutions de salaire varient en fonction des métiers de l’ingénieur ?

À l’exception des postes où il n’y a vraiment pas de candidat, les entreprises essayeront de payer le moins cher. Donc un ingénieur qui commence ne sera pas payer très différemment d’une société à l’autre si elles sont de la même taille. Maintenant, il y aura une différence de salaire si la société est une start-up que si c’est une grosse société. Mais je ne pense pas qu’il y aura une différence en fonction des métiers de l’ingénieur. Je pense qu’on peut dire sans trop se tromper que les évolutions de salaire seront plus importantes si l’on change de société que si l’on reste dans la même société. Car c’est lorsque on essaye de t’embaucher, qu’on a la plus grosse négociation tandis qu’en restant

dans la même société, on obtient seulement quelques petits bouts d’augmentation. Une autre évolution de salaire vient avec l’augmentation des responsabilités, c’est-à-dire en prenant du management ou de la gestion d’équipe. Même si ça ne devrait pas être le cas et qu’un expert devrait être aussi bien payé qu’un manager.

Selon vous, quel est le rôle d’un ingénieur physicien ?

De ce que j’en ai vu, c’est un des ingénieurs les plus généralistes qui peut avoir plusieurs casquettes et qui peut s’adapter facilement. Il s’occupe plus du domaine de la recherche fondamentale et de la R&D. J’ai pu voir des ingénieurs physicien travailler dans des domaines très différents comme le polissage de miroir, dans l’astronomie ou encore dans les procédés thermiques. Maintenant, je rappelle que la moitié des ingénieurs ne travaillent pas dans leur spécialisation et la formation d’ingénieur reste assez générale et nous apprend surtout à ingérer une grande quantité d’informations rapidement ce qui permet de faire beaucoup de métiers différents.

Qu’est-ce qui différencie, selon vous, un ingénieur physicien des autres métiers de l’ingénieur ?

Je vois l’ingénieur physicien plus théorique que les autres métiers de l’ingénieur. C’est d’ailleurs pour cela qu’il travaille plus dans la R&D, les laboratoires universitaires ou les centres de recherche.

Est-ce qu’un ingénieur physicien a sa place en tant que tel dans le monde de l’entreprise ou doit-il se diversifier (administratif, commercial, manager, …) ?

C’est plus une question de personne et de choisir d’aller vers ce qu’il nous plaît. Mais en tant qu’ employeur, je ne choisirais pas un ingénieur physicien pour faire un travail de vendeur ou de manager et je l’engagerais plus dans son domaine d’expertise ou pour des domaines où il n’y a pas vraiment de spécialisation (optique, polissage, …).

Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter ?

Je dirais qu’il faut surtout choisir un travail qu’on aime pour pouvoir se lever le matin.

 

  1. Interface Entreprises-Université de Liège
  2. Advanced Mechanical & Optical Systems
  3. Gillam
  4. Société créée par une entreprise
  5. CE+T Energrid
  6. Agence Wallone à l’Exportation et aux Investissements Étrangers
  7. Association Progrès du Management
  8. Forme organisationnelle dans laquelle les salariés sont totalement libres et responsables