Je ne saurai rédiger cet article sans avoir conté l’anecdote suivante.
« Lors de mon premier séjour à Dakar, au Sénégal, je remarquais que, contrairement à ce qui se fait chez moi au Togo, mon pays d’origine, où le manque total de respect envers un plus âgé que soi lorsqu’on le croise est de le saluer en lui tendant la main en premier, est plutôt une marque de respect dans le nouvel environnement dans lequel je suis appelé à vivre. Je fus deux fois plus surpris quand je suis arrivé en Belgique où, s’agissant de témoigner sa sympathie et/ou son affinité avec l’autre, on lui fait la bise. »
C’est tout l’enjeu de la multiculturalité qui transparait dans ce qui précède. Elle s’apparente à une juxtaposition des habitudes et autres coutumes dues aux expériences collectives de personnes d’origine différente dans un espace déterminé, en prenant en compte l’époque traversée.
Il y a derrière cette définition une volonté de tolérance dans l’espoir de rendre possible le vivre ensemble et c’est tout l’objet de l’interculturalité qui, elle, est imagée en ces termes par le journaliste, styliste et designer américain Jeff STAPLE : « Quand on parle avec des personnes de cultures différentes, la meilleure méthode reste quand même de s’asseoir autour d’une table et de se faire un repas. »
Somme toute, si la multiculturalité consiste en une mise en commun des différences, l’interculturalité en est la mise en pratique. Cela va des individualités construites sur base d’une histoire collective à un idéal sociétal inébranlable, en passant par des obstacles et des contraintes à travers le temps et l’espace.
Autrement dit, en partageant un repas avec autrui, on réalise non seulement l’expérience des goûts et des couleurs de l’autre, mais aussi ses odeurs et ses humeurs, tout en les conférant aux siens propres. Ainsi, connaître autrui présente le double avantage de consolider ses racines originelles aux fins d’enrichir sa capacité à tolérer la présence de l’autre ; tout au moins s’en accommoder !
I/ Interculturalité et Identités multiculturelles
Il va de soi qu’il y a une nuance entre le concept d’interculturalité et la notion d’identité multiculturelle ; cette dernière correspondant à une réalité sociologique tandis que la première relève d’un processus permanent améliorable à souhait !
A/ L’approche sociologique
Les facteurs déterminants sont de trois ordres : la migration, le repli identitaire et le besoin sécuritaire.
Quelles qu’en soient les raisons, la migration oblige tous les acteurs à s’employer à accueillir et/ou à être accueillis quelque part avec pour obligation de relever le défi de l’harmonisation sociale. S’ensuit le repli identitaire qui, bien que représentant un danger, est un signe d’alarme qui permet de jauger du degré de compréhension et/ou d’incompréhension atteint dans les rapports entre les différents acteurs que nous sommes. Il y a enfin le besoin de se sentir en confiance avec l’autre parce qu’on le connaît, pour autant qu’on s’accorde sur les limites de son influence.
B/ Le concept de diversité culturelle
On parle de « diversité culturelle » lorsque l’on a pour souci de porter un regard global sure le quotidien des hommes et des femmes que nous sommes dans nos rapports les uns avec les autres. « L’être humain est d’ailleurs par définition multiculturel dès lors qu’il vit dans une société en pleine évolution », comme l’affirme Laurent HURTGEN, le Coordinateur EDD-EPN à la Baraka (asbl), un acteur majeur s’il en est, de la société civile liégeoise. Il renchérit en estimant que « le souci est d’être au rendez-vous d’une société contemporaine où le numérique en devient de plus en plus le baromètre. »
Il faut de toute manière se conformer aux exigences de l’heure lorsque, face aux grandes mutations sociétales, l’homme doit rester productif.
II/ L’interculturalité face au monde du travail
A/ L’apport de l’autre
Plusieurs outils sont homologués dans l’évaluation de l’apport du migrant en Belgique, voire en Europe en général, tels que EUNOMAD, IRFAM et le CNCD (EUNOMAD (European’s Network on Migrations and Development), IRFAM (Institut de Recherches, Formations et Actions sur les Migrations), CNCD (Centre National de Coopération au Développement)), pour ne citer que ceux-là.
Tous sont unanimes sur l’impact certain des migrants sur les choix des politiques sociales à entreprendre pour améliorer le niveau de vie des nouveaux citoyens du monde que nous sommes devenus ou que nous devenons de plus en plus.
B/ Les clichés rédhibitoires
Des structures diverses sont mises en place dont l’une d’entre elles est UNIA (auparavant Centre interfédéral pour l’Egalité des Chances) dans le but de contrecarrer les effets néfastes des clichés qui complexifient la vie harmonieuse des différentes composantes qui constituent la société contemporaine multiculturelle en Belgique aujourd’hui.
Sur un plan strictement professionnel, des cellules diffusées dans les : FOREM en Wallonie, VDBA en Flandres, ADG (les centres régionaux d’emploi) en région germanophone et ACTIRIS à Bruxelles sont d’autant de de formules qui s’emploient à rendre effectif l’apport du migrant, son expertise et son professionnalisme afin qu’il se sente rassuré dans un environnement pour lequel il n’est pas nécessairement préparé.
Les actions se multiplient et les activités se démultiplient à diverses échelles chez les migrants aussi pour que les hommes et les femmes se départissent de leurs démons du passé afin que les peuples se retrouvent entre eux, se découvrent et collaborent sans a priori. On peut faire un clin d’œil en ce sens à des initiatives comme « Talents de la diversité », « Africagora-Belgium 3», « Talent d’ébène 3 » et le dernier en date, « Révéler les talents 3 » etc …
Dans l’imaginaire de Boris VIAN, il associe la beauté à l’universalité en s’exclamant comme suit : « … En somme, la beauté est partout. Ce n’est pas elle qui manque à nos yeux, ce sont nos yeux qui manquent à l’apercevoir ».
Le monde irait tellement mieux si nous faisions de ce village planétaire la quintessence de toutes les harmonies.
Article rédigé par Kofi